jeudi, juillet 21, 2005

La (lourde) tache de Philip Roth

Le problème de "la tâche", hormis quelques fulgurances où l'on sent le gars ne plus se regarder dans le miroir, c'est le talent -unanimement salué par la presse en délire - de P. Roth.
A force d'être aussi clinique dans ses descriptions de destins croisés, d'être aussi précis, on finit par ne ressentir qu'un grand détachement, un grand rienàfout' de leurs vies à tous. Manque vraiment le soupçon d'empathie, qui ferait du livre une chose inoubliable.
Et on en vient à rater les grands moments de bravoure (les véterans vietnamiens) parceque justement ils ont été préparés pendant des dizaines de pages à être des moments de bravoures. J'ai la vaste impression qu'on cherche à me mettre de la poudre aux yeux et ça m'agace. Notez que j'ai longtemps pensé ca de Céline, mais au moins j'avais l'honneteté de ne pas l'avoir lu.
Comme si on avait fait une erreur au montage et mis la musique "suspense" en plein pendant la scène d'amour. Ou pire pendant la scène d'images de montagnes au début du film, pendant le grand travelling qui va nous amener à la maison du héro.
Il y a donc quelque chose de faux au royaume du danemark. On pourrait me rétorquer que Roth n'a que foutre de mon empathie pour ses personnages. On pourrait ouais. Mais moi je lui demanderai bien si il en ressent au moins un peu. parceque quelque part, ça me rassurerai.