dimanche, septembre 11, 2005

Eugene Thacker n'a pas froids aux yeux : Biophilosophy for the 21st Century

http://www.ctheory.net/articles.aspx?id=472

"Biophilosophy is an approach to nonhuman life, nonorganic life, anonymous life, indefinite life -- what Deleuze calls 'a life.' But the trick is to undo conventional biological thinking from within. Biophilosophy focuses on those modes of biological life that simultaneously escape their being exclusively biological life: microbes, epidemics, endosymbiosis, parasitism, swarms, packs, flocks, a-life, genetic algorithms, biopathways, smart dust, smartmobs, netwars -- there is a whole bestiary that asks us to think the life-multiplicity relation".


headless animality. un pouvoir sans tete. une organisation sans tête.
Les éléments d'un programme de vie artificielle qui se recombinent pour s'assigner une tâche.
en faire un modèle politique ! une societe sans controle, sans hierarchie, sans rôles. il y a quelque chose derriere tout ce fatras deleuzien... quelque chose de dandy-esque, de grotesque et de superbe à la fois. je ressens un peu du choc purement esthétique que m'avait donné foucault...

vendredi, septembre 02, 2005

Démocrite en feu, Socrate en pleine lucarne (2) : A history of philosophy - F. Copleston (3)

Après les "scientifiques", les philosophes qui ont spéculé sur le monde, est venu l'ère des sophistes qui sont les petits malins relativistes qui s'interessent à l'homme et donc à la cité, plutôt qu'à ces inutiles questions de la substance du monde. Les sophistes c'est un peu les Cap Gémini de l'antiquité. Ils faisaient de la rhétorique. Ils se servaient de leurs barbes et de leur toges comme d'autres se servent de Power point : donnaient des cours d'éloquences à des riches ex futurs hommes de gouvernement.
Les sophistes sont les enfants de la communication politique, de la démocratie. Ils ne croient pas aux choses éternelles, aux fondements inamovibles du monde. Ils sont un peu post modernes quoi.

Ils ont au moins servi à ce que Socrate et Platon entrent dans la danse, petite gigue éthique et métaphysique.
Inductions, déductions, concepts et idées, rapports entre choses et mots.
Substance des formes, démiurges. Depuis l'idée jusqu'au monde (et non l'inverse), jusqu'auX mondeS. Celui des sens qu'on méprise, celui des idées qui a plusieurs étages à sa fusée, étages de pureté, le dernier étant la pensée pure, les "formes", eidos, dont le monde n'est que le pale reflet, l'adaptation mortelle de ces seules choses éternelles. question non résolue du rapport entre ces pensées pures et le monde tel qu'il apparait aux sens.

Démocrite en feu, Socrate de notaire : A history of philosophy - F. Copleston (2)

J'avance doucement dans la grande aventure de la philosophie grecque en anglais. C'est un puissant narcotique mais faut s'accrocher, et puis on est vite récompensé. 100% spéculogène. je me retrouve à tourner en rond dans mon salon et à m'interoger sur substance/être, temps/espace, idées... L'un et le multiple. La substance du monde. Le changement qui n'est qu'une illusion. Le quelque chose qui ne peut pas venir du néant.

J'aurai voulu être un philosophe grec. Courrir nu dans les champs d'olivier de l'innocence du savoir à l'aube de la civilisation. Spéculer sur l'univers, déclamer des vers, jouer de la harpe et se laver les doigts dans les cheveux bruns de jeunes esclaves bronzé(e)s.

Et puis si j'étais philosophe grec, j'aurai une barbe et une toge. La toge remplacerai avantageusement ma serviette noire dont je me sert pour imiter Bela Lugosi en sortant de ma douche.
Et j'aurai alors "le droit" de réfléchir aussi à la substance du monde.
Cette nuit je me suis reveillé en sueur, j'avais démontré l'existence de dieu.

Voilà ce que j'ai écrit, tard très tard avant de me recoucher en me traitant de clown.
y'a tout ce que j'ai lu ces derniers temps mélangé au shaker.
Ca s'appelle : "le principe de multitude", et effectivement ça démontre, dans ses dernières lignes, l'existence de dieu. c'est je tiens à l'admettre tout de GO, un poil anthropomorphique, difficile d'y resister.

On pourrait même tirer de ma théorie une petite éthique du comportement humain qui règlera les difficultés de gouvernement pendant les 12 prochains milliards d'années. Ne me remerciez pas, je l'ai fait comme ça, histoire de.


La suite



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L'un n'a jamais existé. L'élan vers le multiple ne connait pas de prédécesseur. la "scène" de la matière une et unifiée attendant la singularité qui va la déséquilibrer est une fiction. Cette substance unifiée, uniforme, sans tensions, parfaite, totale, serait incapable de différence donc de changement.
L'élan vers le multiple et l'être sont une seule et même chose (c'est à dire que non : l'UN n'existant pas... il faudrait dire : ). la "singularité" du big bang est consubstancielle à l'être. "il" est déjà plusieurs. L'être est une tension vers le multiple. Le "monde" est un flux qui travaille sa multitude. Un élan.

(les termes "monde" et "univers" ne doivent donc pas s'entendre ici comme une totalité, mais plutôt comme le multiple tel que le petit cerveau humain est capable de l'appréhender. de même il ne faudrait pas dire "le multiple" mais les multitudes)

Le principe de multitude est un principe d'organisation, une stratégie.
La multitude des particules de substance est stérile si elle n'est pas organisée.
Le principe de multitude organise en parties, en ensembles.
C'est ce regroupement en "individus", en "systèmes" qui paradoxalement est garant de la multitude. L'existence d'ensembles différents crée des singularités, des conditions particulières, des états différents/nouveaux de substance, des substances. ici se pose un problème : le principe de multitude ne peut pas se contenter de répartir la substance, il doit la creer. l'acte de separatoin/division est un principe createur. la preuve : la conscience est constituee de la matiere du monde, elle est en quelque sorte une simple "répartition" de matière, mais l'observe, est donc en dehors de lui. le principe de multitude est une stratégie de création par répartition. rien ne se perd mais tout se cree.


la substance, les parties de substances, s'agrègent et se séparent.
Les parties deviennent autonomes laissant le vide s'installer entre elles.
Les conditions particulières entraînent des déséquilibres. des effets d'attraction et de répulsion.

bénissons le vide qui est la condition d'existence de la différence, du multiple.

le principe de multitude agrège pour diviser, divise pour créer.
Amas, galaxies, systèmes stellaires, planètes.
La planète est l'étalon monde, le système clos qui permet de réunir les conditions de la complexité.

L'aboutissement premier du principe de multitude est la complexité :
La complexité est une accélération du mouvement aggrégation/division. une échelle supplémentaire. La matière s'organise en structures capables de s'organiser, capables de réaliser des ensembles de structures, jusqu'à aboutir à des "êtres". le multiple fait l'individu. qui se replique et mute, evolue. participant au programme du complexe.
L'idée d'individu, d'être vivant, n'est pas en contradiction avec le principe de multitude. Parceque l'individu vivant est enfant du principe de complexité, lui meme enfant de la multitude, et ensuite parcequ'il tend lui même à fabriquer de la complexité. l'individu est un agent de la complexité. Tout comme la matiere s'est regroupée et séparée pour permettre le multiple, l'individuation est necessaire à la complexité.

La complexité n'est pas une agrégation/division, c'est une organisation/multiplication, une programmation du multiple.

La vie est un programme d'accélération du principe de multitude. On passe de l'itération au foisonnement.
Les structures se reproduisent et evoluent en fonction de leur environnement. elles donnent elles mêmes des structures différentes. Possibilités toujours croissantes.

L'éco-système, étalon-monde étant clos, limité en taille et en substance, les structures vivantes s'en partagent l'usage. la reproduction doit donc avoir son contraire. la recherche de la multitude est contraire à l'idée d'éternité. comme le vide est indispensable au multiple, la mort est necessaire au complexe.

Le complexe progresse par sélection des structures les plus fiables, les plus aptes à la multiplication. le foisonement implique oppositions de styles et confrontations. puis raffinement des structures. Un des aboutissement de ce raffinement est la conscience.

La conscience est la capacité de l'univers à se voir depuis un dehors. Les multitudes deviennent, depuis l'oeil conscient, UN univers. s'individualisent dans un processus maintenant connu pour servir l'élan multiple.
Il n'est de "monde" que si il est une conscience pour l'observer ET
le monde n'existe qu'en tant que réduction par la conscience de la multitude, du flux, de l'élan multiple, en une chose unique.
en disant "monde" ou "univers" on pose des limites, on s'offre la possibilité d'appréhender ce qui nous entoure, on repose notre esprit, trop petit pour voir plus loin.
La création du "monde" par la conscience permet la compréhension de ses lois, sa maîtrise. c'est une fiction necessaire.

Le principe de multitude génère son contraire.
le regroupement de matière est une condition du multiple, mais est aussi potentiellement une source de non-être.
Le big crunch c'est la résorbtion du vide, l'effacement du multiple, la voie vers une matière unique, la tendance au non-être. C'est l'univers qui s'effondre faute de vide.
L'univers si il doit aboutir, empêchera le big crunch.
L'univers joue une course contre la montre. contre lui même. c'est le combat du multiple et de l'un.
Conscience et multitude contre le regroupement, le non-être unique.

version optimiste : bien avant que la substance ne devienne une, la conscience sera devenue ultime, les consciences seront omniscientes.
nous appelons conscience ultime la conscience omnisciente, l'être (les êtres, la civilisation, la/les machines, les êtres travaillant en commun) capable d'agir sur la substance de l'être, sur l'univers, capable d'organiser à son vouloir le multiple.

La conscience ultime est lêtre/ensemble d'êtres qui crééra l'outil de réorganisation (reprogrammation) de l'univers/de la multitude (Peut-être l'être plus complexe qui nous suivra sera celui capable d'appréhender le multiples, les multitudes, qui n'aura pas besoin de fiction pour fonder son jugement)

Dieu est l'aboutissement de notre univers, et l'architecte du prochain.
Il ne préexiste donc pas aux choses. il est l'enfant de l'homme (de l'être conscient), "dieu" c'est la / les consciences omniscientes nées de la complexité.
Par le biais de la science (la technique de maîtrise de l'univers née de la conscience et menant à l'omnipotence), c'est à dire de l'appréhension de plus en plus précise du monde/des multiples; l'univers pourra devenir autre, la conscience devenant capable d'agir sur la matière, de définir ses principes d'organisation, de creer les lois, les outils du principe de multitude.

l'univers ne va pas "devenir autre" mais accoucher d'un autre, créé par lui, créé par les structures autonomes qu'il a créé, devenues par apprentissage et sélection, omnipotentes. C'est l'aboutissement logique du principe de multitude.

Les distances infinies sont la seule demeure à la taille d'une conscience ultime.
L'homme a gagné en même temps qu'il atteignait aux premiers stades de la conscience, la prescience de "dieu". l'être suprême sur qui il fonde le socle de ses actions, sa morale, n'est que la prescience de son devenir, du possible qui est en la conscience. Le vertigineux gouffre entre le possible et le présent est la source de sa "tragédie".

l'Univers verra t il ses consciences d'origines différentes se fondre en une, ou du moisn collaborer, fonctionner comme une structure qui représenterait bien plus que l'addition de ses parties ? ou faudra--il une sélection ? la machine, enfant du complexe, est-elle la première génération de l'appréhension vraie, celle du multiple ? La machine est elle l'étape deux de la conscience, la création de l'hyperconscient par le conscient, l'univers qui crée enfin les conditions de la transformation de ses lois ?

a ceux qui objecteraient que dieu prééxiste aux choses même selon mon système puisque notre univers pourrait être l'enfant d'une conscience devenue suprème, d'une civilisation qui a passé de l'état d'acide aminé à celui d'assemblée d'êtres omniscients, je répondrai qu'alors il ne faut pas l'appeler "dieu" mais notre aîné et ne pas avoir plus de considération pour lui que l'on en a pour son père ou sa mère ou l'entièreté du multiple, les multitudes qui ont façonné le code qui sert de programme à nos cellules. des salamandres, des singes, que sais-je encore. Le respect, le besoin, la nécessité, mais pas l'adoration parce qu'un jour nous seront nous aussi pères.

J'ai triché, je n'ai pas résolu la question de l'origine des choses. IL n'y a pas "d'origine des choses".
D'où vient le principe de multitude ? L'être est le principe de multitude. il n'y a jamais eu d'unique substance, jamais eu de non-être. Ce qui est ne peut provenir du néant. et le monde n'existe pas en tant que "monde". c'est un principe de flux, un élan. Peut etre le multiple connaît il des rythmes d'expansions variables, fut-il incapable de s'organiser. Le multiple peut dépérir, stagner, tendre vers l'unique.
La soupe primitive est peut être une de ces stagnations. Le principe de multitude s'y fabrique, c'est peut etre lui le dieu-cause, il cherche une faille pour s'engouffrer, le presque-un doit organiser ses minuscules aspérités, le presque un puisqu'il est tend vers le multiple, organise sa stratégie. La singularité, les singularités, sont à la fois mères et filles du principe de multitude. le multiple est sa propre cause.